Messe tridentine, modestie et tempérance : comment se présenter devant Dieu ?

Vous assistez pour la première fois à une messe tridentine et vous vous demandez :

– Comment dois-je m’habiller ?

– Que l’on attend-il de moi ?

– Pourquoi tant de personnes associent-elles cette messe à la modestie ?

Nous allons vous aider à comprendre :

– Ce qu’est la messe tridentine,

– Pourquoi la modestie n’est pas une “lubie de traditionnaliste”, mais une vertu chrétienne,

– Et comment vivre cette vertu dans tous les contextes — surtout pendant la Sainte Messe.

QU’EST-CE QUE LA MESSE TRIDENTINE ?

La messe tridentine est la forme traditionnelle du rite romain, codifiée par saint Pie V après le Concile de Trente en 1570.

Elle n’a pas été “inventée” à cette époque, mais ordonnée et conservée, selon une tradition liturgique remontant aux premiers siècles de l’Église.

Elle est célébrée en latin, avec le prêtre tourné vers l’autel (ad orientem), mettant en avant le mystère, le silence, le sacrifice et l’adoration.

Mais un aspect frappe beaucoup : la façon dont les fidèles s’habillent.

Des hommes en tenue sobre. Des femmes en vêtements modestes, souvent avec un voile sur la tête.

Cela suscite une question : la modestie est-elle une particularité de la messe tridentine ?

LA MODESTIE : PAS UN STYLE, MAIS UNE VERTU

La modestie n’est pas une “exigence” de la messe tridentine.

C’est une vertu morale, fille de la tempérance, qui nous enseigne à faire un usage sage des biens sensibles, y compris du corps et de l’apparence.

Le Catéchisme de l’Église Catholique enseigne :

« La modestie protège l’intimité de la personne et de son amour. Elle inspire le choix du vêtement. Elle est discrétion. »

(Catéchisme de l’Église Catholique, n° 2521–2523)

La modestie nous apprend à ne pas utiliser notre corps comme un objet et à ne pas rechercher le regard d’autrui par vanité ou sensualité.

Saint Jean-Marie Vianney avertissait :

« Le péché qui entraîne le plus d’âmes en enfer est celui de l’impureté. »

Et ce péché commence souvent par l’excès d’apparence, la vanité, la sensualité.

TEMPÉRANCE : LA RACINE DE LA MODESTIE

La modestie découle de la tempérance, l’une des quatre vertus cardinales.

Selon saint Thomas d’Aquin, la tempérance est la vertu qui modère les plaisirs des sens et nous conduit à l’équilibre intérieur.

Elle nous donne la maîtrise du corps, des impulsions et des désirs déréglés.

« La modestie, qui relève de la tempérance, règle la convenance extérieure selon la dignité de la personne et du lieu. »

(Somme Théologique, II-II, question 160)

Une âme tempérée :

– ne cherche pas à se faire remarquer,

– ne provoque pas,

– ne cherche pas l’attention,

– mais agit avec discrétion et sobriété.

LA SAINTE MESSE : SACRIFICE ET ADORATION

Si la modestie est une vertu pour toute la vie, elle prend une valeur encore plus grande pendant la Messe.

Pourquoi ?

Parce que la Messe rend présent le Calvaire.

Dans la messe tridentine, cela est évident par le silence, le latin sacré, les gestes précis. Mais dans toute forme liturgique, nous sommes devant le Christ qui s’offre pour nous.

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus disait :

Si les rois de la terre exigent pompe et respect, combien plus le Roi du Ciel mérite-t-Il d’être honoré avec tout ce que nous avons de plus digne !

Et cette dignité inclut aussi la façon dont nous nous présentons devant Lui.

LA MODESTIE N’EST PAS EXCLUSIVE À LA MESSE TRIDENTINE

Beaucoup pensent que la modestie est un trait des “tradis”.

Mais la modestie est un devoir de vertu, une obligation pour le baptisé, fruit d’une foi vivante.

Saint Padre Pio était très exigeant avec ses filles spirituelles :

Les jeunes filles qui se présentent à l’église de manière indécente commettent un péché mortel.

Et il recommandait que :

Les vêtements féminins couvrent au moins les bras jusqu’aux coudes, que les jupes descendent au-dessous des genoux, et qu’on évite le maquillage excessif et les tenues vaniteuses.

Ces exigences ne venaient pas de lui-même, mais exprimaient le sens catholique traditionnel qui traverse les siècles.

La modestie chrétienne est pour tous, dans tous les rites et en tout lieu.

COMMENT PRATIQUER LA MODESTIE ?

Voici quelques conseils pratiques, issus de la Tradition et du bon sens catholique :

Pour les femmes :

– Éviter les vêtements courts, moulants ou transparents,

– Préférer des jupes ou robes discrètes couvrant au moins les genoux,

– Porter un voile à la messe en signe de respect (même si ce n’est pas obligatoire),

– Avoir une coiffure et un maquillage sobres.

Pour les hommes :

– Éviter shorts, débardeurs, sandales ou vêtements de loisir,

– Préférer pantalons longs, chemise, chaussures fermées,

– Être soigné, sobre, sans ostentation.

Tout cela non pour paraître saint, mais pour honorer Dieu avec notre corps.

LA MODESTIE ÉVANGÉLISE

La modestie parle, même sans paroles.

Combien de personnes ont été touchées en voyant des fidèles habillés avec pudeur, un voile sur la tête, à genoux en silence dans l’église ?

Saint Alphonse-Marie de Liguori disait :

« La modestie extérieure est le miroir de l’âme. Celui qui la pratique montre qu’il possède la modestie intérieure. »

Dans un monde dominé par l’exhibition, le culte du corps et la sensualité, la modestie est un cri contre la vanité.

Elle montre que nous appartenons à Dieu, non au monde.

S’HABILLER COMME QUELQU’UN QUI AIME

Si vous allez pour la première fois à la messe tridentine — ou à toute autre messe — souvenez-vous : vous allez au Calvaire.

Présentez-vous avec révérence, foi et amour.

La modestie dans l’habillement est un signe visible d’un cœur tourné vers Dieu.

Il ne s’agit pas simplement de vêtements convenables.

Il s’agit de vivre la vertu de tempérance et d’aimer le Seigneur de tout son corps et de toute son âme.

Comme le dit saint Paul :
Glorifiez Dieu dans votre corps.